jeudi 16 mai 2019

Le baron de Girardot

 

 Les chroniques de l’ARF
L’ARF, Recherches, Sauvegarde, Patrimoine ferriérois, proposera régulièrement aux lecteurs du Ferriérois des articles sur les personnages qui ont marqué la vie du village et parfois, plus souvent qu’on ne le pense, la vie nationale, ainsi que sur des évènements heureux, dramatiques ou insolites qui ont jalonné la vie des habitants. Les lecteurs sont invités à réagir et à faire part des informations ou de la documentation dont ils disposeraient, précisant ou complétant le contenu de la chronique.





Auguste Théodore, Baron de Girardot

Officier de la légion d’honneur

Officier des palmes académiques

Commandeur de l’Ordre de la conception de Villaciosa (Portugal)


A l’heure de la réouverture du musée Girodet à Montargis, ces chroniques commencent par une évocation de son fondateur, le Baron de Girardot, grand ferriérois d’adoption et de cœur dont le souvenir marque encore le village, on disait la ville à l’époque, et sa sépulture le cimetière.
Auguste Théodore Girardot est né à Paris le 8 juin 1815, dix jours avant la bataille de Waterloo. Son père François Girardot, chirurgien des armées royales puis impériales, avait suivi toutes les campagnes militaires. Blessé pendant la campagne de France en 1814, il avait reçu de l’Empereur lui-même le titre de Baron sur le champ de bataille.
Son père ayant quitté la France pour la Pologne où il mourra en 1831, Auguste Théodore et sa sœur furent élevés seuls par leur mère. Après des études au lycée Louis le Grand, il devint avocat en 1836 et intégra l’administration à la préfecture de Bourges en 1839. Sa passion pour l’archéologie, et l’histoire patrimoniale éclata immédiatement et il développa une activité débordante pour la protection et la promotion des monuments et documents historiques de son département. Dès son arrivée à Bourges et dans chaque ville où il sera affecté, il se plongera dans des archives inexplorées pour en tirer tout ce qu’elles contenaient d’inconnu ou d’original. Plus d’une centaine d’écrits et de communications jalonneront sa carrière.
Il est nommé en mai 1852 sous-préfet de Montargis. Son activité dans les domaines scientifiques et artistiques reste inlassable. Il n’y resta que deux ans et demi pendant lesquels il eut notamment le temps de créer, avec son ami et futur cousin Edmond Michel, la Société d’Emulation de Montargis, et le musée Girodet dont il fut un des premiers donateurs. En effet mu par son amour de l’art et de l’archéologie, et très imprégné de l’esprit de son temps qui vit la naissance de la pratique des collections personnelles, le baron avait commencé à en constituer une qui sera particulièrement fournie et éclectique. Il profita en outre de sa position administrative pour faire croire aux services ministériels que le musée existait déjà et obtenir de l’Etat des collections supplémentaires. Mais il eut aussi le temps de découvrir et se laisser séduire par la ville de Ferrières et ses habitants. Il se lia d’amitié avec les principales familles ferriéroises, et notamment les époux Nicas, qui habitaient rue de la Pêcherie face au lavoir et dont la femme, Rose Arsène Petit, était issue à la fois des maîtres de poste de Fontenay et des maîtres tanneurs de Ferrieres. Rose Arsène Petit, qui mourut en 1886 à 95 ans, était certainement une des femmes les plus considérées de la société ferriéroise du 19ème siècle.
Il poursuivit sa carrière à Nantes, mais de là-bas resta en relation étroite avec le Gâtinais et Montargis, publiant notamment dans le bulletin de la Société archéologique du Gâtinais ses recherches et découvertes de silex taillés à Girolles, ou entretenant une correspondance suivie avec le baron de Triquetti. C’est pendant cette période que le ministère de l’intérieur lui contesta le port de la particule que son père avait dédaigné porter et qui ne figurait pas sur son acte de naissance ; mais il eut gain de cause par un décret impérial du 19 novembre 1859 qui lui reconnût le droit à cet usage.
A sa retraite en 1871, devenu veuf, il revint à Ferrières et épousa en 1875 la fille de Rose Arsène Nicas, Laure Charlotte. Il s’installa en 1879 place Terre Chaude dans la maison qui prendra le nom de Maison du Philosophe, et sa fille Marie Antoinette qui venait de se séparer de son mari Jules Esmoingt vint le rejoindre et s’installer place du Champ (au coin avec la rue des Fossés) où elle décèdera en 1899. La vie de retraité ferriérois du baron sera consacrée à la lecture, à la recherche de silex taillés et à l’étude des plantes.
Le Baron de Girardot, en famille en 1880

En haut, deuxième par la gauche
Accompagné de sa belle-mère  (90 ans, au centre), de sa femme, de sa fille, de sa petite fille, et d’autres membres de la famille.
Le 27 avril 1883, « surpris par la pluie, au milieu d’une promenade d’herborisation, il fut pris d’un refroidissement qui ne tarda pas à se changer en une congestion pulmonaire. Alité le 30, M. de Girardot rendait le dernier soupir le jeudi 3 mai »  (Edmond Michel). Sa femme, s’éteindra le 12 mars 1920, à son tour à 95 ans.
Le Baron et la Baronne de Girardot, la Baronne Esmoingt, Rose Arsène Petit reposent dans le carré A du vieux cimetière de Ferrières, non loin de tous les autres membres de cette grande lignée ferriéroise.


Gauche : Baron et Baronne de Girardot. Centre : Rose-Arsène Nicas. Droite : Baronne Esmoingt

Edmond Michel écrivit cet éloge ; « Doué d’une intelligence remarquable secondée par une instruction solide et très variée, homme de bien dans toute l’acception du terme, d’un courage à toute épreuve, d’une grande délicatesse et d’un conseil sur dans les relations privées, bon, serviable, humain, tel nous avons connu le Baron de Girardot ».
                                                                                                       Françoise souchet
                                                                                                       François Petit

Photos : Baron de Girardot par Charles Huette,1874,  musée Girodet, Montargis.
              Baron de Girardot en famille : archives privées.
 Sépultures : ARF
Sources : Familles de Ferrières, Archives municipales de Ferrières, A. Andruszkiewicz (Ecole du Louvre, 2014), J .Fr. Lemaire (Société française d’histoire de la médecine, 1979), Edm. Michel (Société historique et archéologique du Gâtinais,1883).
ARF : Patrimoineferrierois.com ;
assrech.ferrieres45@yahoo.fr

mercredi 1 mai 2019

STATUE DE SAINT ELOI ABBATIALE SAINT PIERRE ET SAINT PAUL FERRIERES-EN-GATINAIS (LOIRET)


STATUE DE SAINT ELOI





Considérée comme la statue de St Aldric, abbé de Ferrières au IXème siècle, cette œuvre peut évoquer un autre saint : Saint Eloi. Sculptée fin XVème début XVIème, sa restauration a permis de déceler deux fers à cheval à l’intérieur de la manche gauche (côté de la crosse).

Statue de St Eloi après restauration
 
Détail de la manche
 
 Traditionnellement des outils précis traduisent l’activité de ce saint patron : enclume, marteau, tenaille, fer à cheval. Il est représenté tantôt en artisan (ex. au musée de Toul), tantôt en évêque (ex. à Troyes). L’allure majestueuse de cet évêque est renforcée par la qualité de ses vêtements et leurs ornements : traces de grenade, de feuilles de vigne, motifs tissés dans les riches étoffes de cette époque. Le visage exprime l’attention, la douceur. Notons  le port des gants réservés aux évêques, la mitre précieuse qui conserve la trace de riches pierreries. Que tenait-il dans sa main droite cassée ; marteau ou geste de bénédiction ? Au bas de la chasuble, une grande fleur de lis apparaît, symbole du pouvoir royal. Cet élément signifie la reconnaissance des qualités d’un conseiller apprécié de deux rois.
Ces observations nous laissent à penser que ce travail a été commandé par Louis de Blanchefort, Abbé de Ferrières de 1465 à 1505. De plus cette représentation correspond à l’histoire de l’abbaye bénédictine et à la présence de forgerons et d’orfèvres à Ferrières. Selon Dom Morin , l’église paroissiale située hors les murs, portait à l’origine le nom de Saint Amand car celui-ci aurait guéri de la cécité un ermite. Dévastée par les guerres civiles, les forgerons la restaurent à condition qu’elle soit dédiée à Saint Eloi, ce que réalisa à nouveau Louis de Blanchefort, relevant le chœur et y ajoutant deux chapelles latérales. Desservie par quinze prêtres, cette église reçut des reliques de Saint Eloi. A cette occasion, la statue y fut sans doute déposée.
Pour mémoire, rappelons rapidement l’histoire de ce saint. Né vers 588 dans le Limousin, région riche en mines d’or, Eloi entre jeune dans un atelier monastique fournissant la monnaie royale. Il suit également les offices religieux. Très habile, il est présenté au trésorier du roi Clothaire II, le père de Dagobert. Pour le mettre à l’épreuve, de l’or lui est confié afin d’exécuter un trône royal, et il réussit à en fabriquer deux. Il est alors admis à la Cour. Plus tard, Dagobert, devenu roi en 629, fait d’Eloi son monétaire attaché au Palais. Il y continue le travail d’orfèvrerie tout en se livrant à la prière et à la lecture des textes sacrés. A la mort de Dagobert, son fils Clovis II le maintient à ce poste, puis en 640, il quitte la Cour et entre dans la cléricature. Un an plus tard, il est nommé évêque de Noyon, comprenant outre son diocèse, la Flandre et la région de Gand. Il voyage dans tout le royaume, se fatigue, et meurt en 660.    J. Bonnefoy- Mars 2013