Les
petites chroniques de l’ARF n° 5
Les gendarmes à Ferrières
Le saviez-vous ?
En
1793, les gendarmes de Ferrières ont besoin d’ un casernement. La gendarmerie
cherche un endroit propice.
L’occasion
se présente dans le haut de la Grande-Rue.
Un
bail est passé entre Laurent Bernard Deloince, propriétaire demeurant à
Montargis, et « les Administrateurs composant les directoires et le
Procureur syndic du district de Montargis, stipulant en cette qualité au nom de
la Nation et de l’avis et du consentement du citoyen Le Coq, capitaine de la
Gendarmerie nationale à la Résidence de Montargis ».
La
maison est vaste :
Sept chambres à feux et trois
cabinets, trois caves voutées et deux « cavaux », greniers grands et
petits au-dessus du 1er étage dans toute la longueur de la maison.
De
plus, elle possède un grand jardin clos de murs, comprenant carrés et
parterre bordés de buis bien taillés, un méridien planté sur un piédestal en
pierre de taille et deux bancs en pierre de taille de la longueur d’au moins
dix pieds supportés chacun par trois « pieds d’estaux » taillés en
S, des arbres fruitiers (pommes, poires,
abricots) tant nains qu’en espalier, une noisetière, et un carré d’asperges.
En
outre, séparée par un mur, existe une basse-cour comprenant écurie, grande
fannerie (réserve à fourrage) et fosses d’aisance, et une grande porte
cochère.
LE
REVE ! QUOI !
La
Révolution avançant, un second bail est signé le 29 floréal an 3 (18 mai 1795),
expurgé des références religieuses des échéances et de l’obligation du pain
bénit et portant le loyer à 450 livres, et il est beaucoup plus détaillé sur
les exigences imposées aux locataires.
- Le ramonage des cheminées autant de fois que ce sera
nécessaire. On ne trouve pas de petit ramoneur assez fluet ? Alors un
couvreur montera sur le toit et ramonera avec un bouchon d’épine.
- L’entretien du jardin (fumure, taille, ébourgeonnement
des arbres, tonte des buis et du parterre, entretien des asperges).
- « Les gendarmes ne devront pas placer leur fumier
contre les murs de ladite maison attendu que l’humidité en dégraderait les
fondements; ils le pourront seulement contre le mur de la fannerie et à
l’extérieur et en laissant un vide convenable pour éviter le dommagement
de ce mur ».
- « Ceux desdits locataires qui habiteront le premier
de la maison auront le plus grand soin que l’eau de leur vaisselle
n’endommage en rien le plancher ».
Enfin,
« Les frais de casernement étant à la charge de la Nation,
l’enregistrement du bail doit être sans perception de droits. », alors que
le premier bail les laissait à la charge du propriétaire.
Nous
ne savons pas combien de temps les gendarmes resteront à Ferrières, car en
1806, ils apparaissent au recensement de Fontenay ; ils sont alors cinq,
logés non loin du relais de la poste aux chevaux. Ils reviennent à Ferrières en
1847 et retrouvent leur maison de la Grande-Rue. En 1864, nouvelle alerte. Le
propriétaire du moment, le sieur Guillaumet, demande une hausse du loyer que
l’administration trouve excessive et elle menace de les ramener à Fontenay. Un
accord sera finalement trouvé et la gendarmerie restera dans ces locaux jusqu’à
son déménagement dans le pavillon Louis XIII de l’abbaye à la fin des années
1920.
L'ancienne gendarmerie en haut de la Grande-Rue |
Françoise
Souchet
François Petit
ARF : patrimoineferrierois.com ; assrech.ferrieres45@yahoo.fr