La dame
de la Cour des Forges
Adèle
Mourain de l’Herbaudière ép. de Badereau
Le
14 janvier 1794 à Noirmoutier, Elisabeth Victoire Jacobsen, ligotée avec son
amie d’enfance Marguerite Charlotte Duhoux d’Hauterive, épouse du général d’Elbée,
tombait sous les balles des soldats de la Convention. Son mari Charles Mourain
de l’Herbaudière avait lui-même été exécuté quelques mois plus tôt[1].
Ils laissaient orpheline une petite fille de six ans, Adèle Joséphine. Qui s’imaginait
alors que cette enfant finirait ses jours Cour des forges à
Ferrières-en-Gâtinais, âgée de 91 ans, après y avoir passé plus de la moitié de
son existence ?
Adèle
Mourain de l’Herbaudière est née le 13 août 1787 à Noirmoutier, neuvième d’une
fratrie de dix, dont il semble que seuls son frère ainé Marie Jean Corneille et
elle-même étaient encore en vie ou ont survécu à l’exécution de leurs parents.
Son père, Conseiller du Roi près la Cour et le Parlement de Bretagne, était
issu d’une petite noblesse vendéenne et avait été maire de Noirmoutier en 1790 ;
sa mère descendait de la famille illustre des Jacobsen de Dunkerque[2].
Nous
ne savons pas comment elle a survécu à la mort de ses parents et passé son enfance.
Son frère Marie Jean Corneille âgé de dix-neuf ans à ce moment-là n’est
pas présent ; émigré en 1792, il fait alors partie des troupes que l’Angleterre
essaye d’envoyer soutenir les insurgés bretons[3].
Mais bénéficiant des mesures d’amnistie du Consulat, il épouse en 1800
Aimée-Sophie de Sourdeval et s’installe à Saint-Gervais en Vendée ; il devient
alors son curateur et elle habite chez lui. Le 15 avril 1806, à 18 ans, elle
épouse à Nantes le chevalier Joseph René Badereau de Rocheville. Le temps
d’avoir six enfants, et son mari décède le 10 mars 1820 au château de Triguel à
Guéméné-Penfao où ils s’étaient installés vers 1810. La voilà veuve à 32 ans,
avec six enfants de 13 à 2 ans.
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Tombe des Badereau, vieux cimetière de Ferrières |
Maison d'Adèle de Badereau vue du parvis de la chapelle Notre-Dame de Bethléem |
Trois ans plus tard, le 3 juin 1833, sa troisième fille, Elisabeth Léopoldine, âgée de 18 ans, épouse un avoué de Pithiviers, Théodore Louis Félix de Fiennes, fils du juge de paix de Lorrez-le-Bocage.
Signature d'Adèle de Badereau au mariage de sa fille |
Adèle Mourain de Badereau s’éteint le 9 septembre 1878 dans sa maison de la Cour des Forges.
Quant
à la maison, elle passera dans les mains de son gendre Auguste Etienne Genty,
Polytechnicien, officier d'artillerie,
qui la vendra au début du XXème siècle aux propriétaires actuels.
Adèle Mourain de l'Herbaudière ép. Badereau |
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Sources : Familles de Ferrières ; Etat civil numérisé du Loiret, de la Vendée, de la Loire Atlantique, et de la Ville de Nantes ; base de données guydeleprevrier in geneanet ; H. Filleau, Dictionnaire historique, biographique, et généalogique des familles de l’ancien Poitou, T. 2, in Gallica.
[1] Le 13 mai 1793 aux Sables d’Olonnes.
[2] Son père Cornil Jacobsen (1709-1787), issu d’une longue lignée de corsaires et de marins flamands, s’installa à Noirmoutier en 1737 pour faire du commerce, et devint très vite le bienfaiteur de l’ile par les grands travaux de dessèchement qu’il entreprit, travaux poursuivis par son fils Jean Corneille (1750-1834) qui échappa au sort de sa sœur et à qui l’ile doit de nombreux édifices dont la « Chaussée Jacobsen ».
[3] Il participe notamment à la tentative de débarquement à Quiberon en 1795 et à l’éphémère prise de Nantes en 1799.
[4] Cette tombe existe toujours dans le vieux cimetière de Ferrières, mais elle n’est pas en très bon état et est sous le coup d’une reprise de concession qui risque malheureusement de la faire disparaître.
[5] Aimée-Sophie de Sourdeval est née au Havre le 21 avril 1779 d’Antoine de Sourdeval, officier d’artillerie, et d’Angélique Sophie Plaimpel de Prébois. Elle perdit son père à l’âge de trois ans et fut élevée par son oncle Claude Antoine François de Sourdeval, commissaire de marine. Ce dernier décède en 1795.
[6] André Fougeroux de Secval, marié à Elisabeth Bidé de Chezac, capitaine de vaisseau, ami de Charles-Antoine de Sourdeval sera président du Conseil général du Loiret sous l’Empire.
[7] Agathe Fougeroux de Secval, née le 30 avril 1776 à Orléans. Elle épouse en 1801 à Vrigny son cousin Auguste Denis du Hamel Fougeroux, propriétaire du château de Denainvilliers à Dadonville.
[8] Aujourd’hui le N° 8 de la Grande-rue.
[9] Aujourd’hui le bas de la rue du Lion d’Or.
[10] Cf Bulletin de la Société d’Emulation de l’arrondissement de Montargis, N° 179, décembre 2019.
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