dimanche 16 octobre 2016

Les caquetoires des églises du Gâtinais






Les caquetoires des églises du Gâtinais






Un peu d’histoire
Le mot  caquetoire  appartient à la famille de caquet, mot ancien attesté au Moyen Age sous la forme quaquet qui désignait le bruit fait par les oiseaux au nid.
Plus tard, on parle de la poule qui caquette quand elle vient de pondre.
Au milieu du XVIe siècle, on construit une chaise, avec ou sans bras, à haut dossier, à assise trapézoïdale, pour que les élégantes puissent caler leurs larges jupes et parler commodément de tout et de rien, bref, caqueter.
En bref, la caquetoire était née.
Au XVIIe siècle, on rabat le caquet des prétentieux. On se régale aussi en lisant les caquets de l’accouchée, petit livret satirique relatant les conversations entre femmes de la bonne société.
Mais le caquetoire ?? Pas de trace du mot. Il n’existe pas dans la famille : aucun dictionnaire général, du XVII au XXe siècle ne le cite (ni Trevoux, ni Larousse, ni Littré, ni Robert).
Pas de caquetoires pour nos églises ?
Si ! mais, c’est que le mot n’est pas à proprement parler français. Il est régional et populaire, venant du Bourbonnais, c’est le caqu’touère.
Utilisé  vraisemblablement au milieu du XXe siècle par des écrivains régionaux voulant patoiser, il fustige le bavardage des fidèles avant et après les offices à l’église. Les femmes étant plus nombreuses que les hommes à la messe, l’emploi du mot procéderait alors de la misogynie plus ou moins bon enfant dont sont l’objet les femmes dans la littérature depuis les fabliaux du Moyen Age et dans la vie courante populaire.
Ce sont les femmes qui gloussent et qui caquètent, c’est bien connu… et on chercherait en vain le synonyme masculin de ma poule ou ma poulette !! Le coq du village a une autre connotation !!
Du Bourbonnais, le mot caquetoire émigre en Berry et en Sologne. Il devient pour d’autres régions une référence architecturale religieuse moderne à propos des églises rurales.
Qu’est-ce qu’un caquetoire ?
C’est une construction généralement en pierre, comme un appentis, plus souvent avec des murs sur trois côtés, s’appuyant sur la façade, principale ou latérale, de l’église, et comportant des baies et des piliers.
Il peut être en brique, en bois, selon les ressources géologiques locales, complètement ouvert ou fermé. La forme la plus sommaire est un simple auvent, reposant sur des piliers de bois, parfois isolé de l’humidité du sol par des plots de pierre.
En fait,  le caquetoire est un porche, un préau, une mini-galerie dans le meilleur des cas. Certains auteurs pensent qu’il s’inspire du cloitre.
Le caquetoire se voit surtout dans les églises rurales en Bourbonnais, dans le Berry, en Sologne, en Champagne, en Normandie et dans le Gâtinais. Souvent contemporain de la construction des édifices aux XIIe et XIIIe siècles, il peut être rebâti ou ajouté aux XVe et XVIe siècles, et même au XVIIIe.
A quoi servait-il ?
Il n’y pas de caquetoires dans nos églises rurales du Gâtinais, mais un porche, comme dans les églises abbatiales médiévales. On enterre sous le porche, on s’assemble sous le porche, on baptise sous le porche, les futurs mariés sont accueillis sous le porche et on entre dans l’église par le porche. C’est le seul mot utilisé dans les registres paroissiaux de l’Ancien Régime.
 A Ferrières-en-Gâtinais, on pénétrait dans l’église paroissiale Saint Eloi par le porche situé sous la tour d’entrée. On entrait aussi à Notre-Dame de Bethléem par la tour porche, effondrée en 1839.
Edmond Michel, un érudit gâtinais de la fin du XIXe siècle, demeurant à Fontenay-sur-Loing, parle toujours d’un porche quand il décrit les églises du Gâtinais, et non d’un caquetoire. Il estime également que le caquetoire est un sas entre le monde profane et celui de la prière. Il serait la trace des pratiques de l’église primitive quand les catéchumènes étaient instruits dans un petit bâtiment distinct de l’église et que seuls les baptisés avaient droit au sanctuaire proprement dit. C’était donc déjà un lieu de rassemblement.
Et quand il n’y a pas de caquetoire,
On n’entre pas pour autant directement dans le sanctuaire. Il existe un sas bien commode pour se protéger du vent et de la pluie, pour y finir la conversation avant d’entrer ou la terminer après l’office, pour y lire les affiches paroissiales, ou celles des prochains concerts, pour abriter le mendiant. Ce sont ces installations de bois intérieures, aux portes parfois gainées de matériaux insonorisants, ou tellement sonores et grinçantes que le touriste ou le retardataire à l’office ne peut être ignoré.
Peut-on les considérer comme une forme moins élaborée de caquetoires ?
Caquetoir ou caquetoire : les deux orthographes semblent autorisées selon les sources consultées.
                                                                                             F. Souchet, vice-présidente de l’ARF
                                                                                                                             Septembre 2016
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