mercredi 31 mai 2017

EGLISE ABBATIALE ST PIERRE-ST PAUL (guide visiteurs)

 Eglise abbatiale St Pierre – St Paul
de Ferrières en Gâtinais.

Généralités

   
Abbaye royale bénédictine de Ferrières en Gâtinais.
Malgré les destructions dues à l’époque révolutionnaire et à des initiatives malheureuses du XIXe siècle (percement des rues, destructions de l’enceinte et remaniement des bâtiments), les restes de l’abbaye royale bénédictine de Ferrières évoquent assez bien un passé important.
Fondée à l’époque mérovingienne, largement dotée par Dagobert et rattachée au domaine papal, elle fut un foyer intellectuel international à l’époque carolingienne grâce à Charlemagne, son fils, son petit-fils et des abbés comme Alcuin, Aldric, ou Loup Servat. C’est à cette époque que les moines adoptent la règle de Saint Benoît.
Elle fait partie du domaine royal dès le 11eme siècle et les rois de France y ont droit de gîte. Elle traverse assez bien les heures sombres de l’Histoire (guerre de 100 ans, pillages des huguenots, pratique de la Commende qui voit certains abbés s’approprier ses richesses, période révolutionnaire, lois de 1880 et séparation de l’Eglise et de l’état, libération du territoire par les Américains en 1944).
Partagée entre propriétés privées et bâtiments publics, elle fut l’objet de nombreuses restaurations de 1865 à 1875, menées par les Monuments Historiques (l’abbatiale étant classée dès 1840).
La conservation du bâti et du mobilier est assurée actuellement par la DRAC (Direction Régionale
des Affaires Culturelles) et les bâtiments de France. Incluse dans le diocèse de Sens (Yonne) jusqu’à la Révolution, elle fait maintenant partie du diocèse d’Orléans et du département du Loiret.
L’église abbatiale et la chapelle ND de Bethléem, sauvées des destructions révolutionnaires, servent à présent au culte et
sont ouvertes au public toute l’année.
NB : Les numéros du plan ci-contre correspondent aux
parties décrites dans le texte qui suit.

Eglise abbatiale St Pierre – St Paul

en Gâtinais – Les Extérieurs



L’abbatiale et son clocher  

Juchée sur la partie haute de la colline qui surplombe la vallée de la Cléry, aménagée en terrasse par les moines, l’abbatiale domine de sa masse la place des Eglises, d’autant plus qu’on accède à la porte principale par un escalier de pierre de 15 marches, déjà mentionné dans les écrits au XVIe siècle. La plateforme moderne qui entoure le monument aux morts atténue cet effet de surplomb.
Majestueuse et sévère au nord, éclairée seulement par 6 fenêtres romanes en plein cintre, elle est cependant ornée de modillons (à l’extérieur) dont la plupart représentent des têtes d’animaux et de personnages. Certains se distinguent comme le joueur de cor ou le joueur de guimbarde. Les arcatures bouchées du bas-côté nord accentuent encore cet effet de masse.


Le côté sud, dans la mesure où les bâtiments du cloître et du palais de l’abbé ont disparu, paraît plus allégé. Les verrières qui éclairaient la nef au-dessus de la galerie nord du cloître donnent à cette partie une certaine élégance.
Les gros arcs-boutants sont modernes. Edifiés après les démolitions de la Révolution, ils jouent le rôle de contrefort tenu auparavant par les bâtiments du cloître et du palais abbatial.
Le clocher de pierre, accolé à la grange dîmière et au porche St Michel qui séparait dans l‘abbaye la partie haute, dévolue aux travaux agricoles et aux réceptions des pauvres et des visiteurs, de la partie basse réservée à l’abbé et aux activités liturgiques, se détache de l’abbatiale depuis que le bas-côté nord n’existe plus, détruit par la chute en 1739 d’un clocher de plomb dont on aperçoit encore la base. Il résume à lui tout seul l’histoire des bâtiments du couvent :
- Etage inférieur carolingien
- Etages médiévaux (roman et gothique)
- Style flamboyant pour la flèche de pierre au toit en écailles.

La façade(2)


Elle comporte deux éléments, l’entrée principale sur le perron et une petite porte, côté nord, accédant au bas-côté détruit au XVIIIe siècle. L’ensemble est datable du milieu du XIIe siècle au tout début du XIIIe siècle.


Eglise abbatiale St Pierre – St Paul
de Ferrières en Gâtinais – Les portes

La porte latérale


Appelée la porte papale car réservée au passage à Ferrières des papes puisque depuis Dagobert 1er l’abbaye appartient au « domaine de St Pierre » (d’où les 2 clés des armoiries de l’abbaye reprises par la ville de Ferrières) pour éviter les tentations d’appropriation des archevêques de Sens (dont dépendait le Gâtinais) seigneurs tout puissants au Moyen-Âge. On ouvrait cette porte pour accueillir le pape, on la murait dès son départ.
Les colonnettes qui supportent les voussures sont surmontées de petits chapiteaux historiés : des gueules de petits monstres (discrète allusion à l’enfer ?) et le rappel d’une anecdote concernant Pépin Le Bref, père de Charlemagne : venu à Ferrières, il prouva sa légitimité en tuant un lion de sa main lors d’un combat de fauves dans les « arènes ».

La porte principale

Les décorations des voussures ont servi de modèle au Sacré Cœur de Montmartre. Les colonnettes portent des chapiteaux décorés de feuillage ; un chapiteau représente des musiciens jouant de la vièle à archet. L’abbé se tient le plus près de l’entrée.
Les 3 fenêtres sont encadrées de colonnettes à bagues, l’oculus central (l’œil de bœuf) est décoré de bâtons brisés.
Le tympan se résume à un bloc de pierre nue depuis les remaniements du XIXe siècle. En effet, d’après les notes d’un habitant de Ferrières, il y avait encore des peintures dessus vers 1840. Les restaurateurs, des élèves de Viollet le Duc, ont parfois radicalisé les choses.


Eglise abbatiale St Pierre – St Paul de Ferrières en Gâtinais – La nef


La nef (1)
             
Christ en croix, en bois du XVIIe
Longue de cinq travées, elle est couverte d’un berceau de bois maintenu par des entraits et des poinçons apparents. Il n’y a jamais eu de voûte en pierre pour cette partie de l’église.
Cette nef communiquait avec un bas-côté nord par des arcades en plein cintre, reposant alternativement sur de grosses colonnes et des colonnes jumelles portant un anneau à mi-hauteur. Cette disposition et les chapiteaux indiquent le milieu du 12ème siècle et une influence de la cathédrale de Sens reconstruite au même moment. C’est le pape Alexandre III en résidence chez l’archevêque de Sens qui est venu consacrer l’édifice le 29 septembre 1163, jour de la St Michel.

Ecce Homo XVème
 

Quelques éléments remarquables se distinguent : le bénitier pré-roman à l’entrée ; la porte du cloître dont l’ogive garde des traces de polychromie, et transformée en niche abritant un Ecce Homo du XVe siècle, la chaire du XVIIIe siècle provenant de l’ancienne église paroissiale démolie et un grand christ en croix, en bois du XVIIe siècle.
Tous les vitraux ont disparu sauf ceux de la fenêtre centrale de droite avec leur grisaille du XIVe siècle. Deux tableaux sont intéressants : un grand format représentant la descente de croix, du XVIIe siècle (probablement de l’école de Rubens). Noté dans l’inventaire du XVIIIe siècle, il ne peut être une copie du XIXe siècle comme on l’a souvent cru. Un tableau plus petit, sur bois, représente St Michel, St Benoît et Saint Aldric.




 

 Eglise abbatiale St Pierre – St Paul de Ferrières en Gâtinais – Le chœur, la sacristie & l’octogone

 
L'octogone (3)


Au moment de la reconstruction médiévale de l’église abbatiale, l’organisation carolingienne du transept a été maintenue. Les huit gros piliers du XIIIe siècle en pierre de Souppes rappellent la disposition en octogone de la chapelle du palais de Charlemagne d’Aix La Chapelle, édifice bien connu des abbés carolingiens de Ferrières. Cette architecture confère à l’église un caractère original dans le Gâtinais et a obligé le constructeur à procéder à des ajustements pour adapter les voûtes aux chapiteaux des colonnes.

Le chœur (4)

Eclairé par cinq vitraux du début du XVIe siècle contemporains de la réfection de l’abbaye après la guerre de Cent ans, il garde la trace de l’organisation carolingienne, bien visible sur le côté sud (cf, les fiches sur le tombeau), avec les deux arcatures aveugles surplombant le mur de la sacristie.
L’abside à cinq pans a conservé ses colonnettes du XIIIe siècle, mais les stalles datent du début du XVIIe siècle, reconstruites après les désordres des protestants grâce à la permission royale d’utiliser les arbres d’une partie de la forêt de Montargis. L’une d’elles porte les armes de l’abbaye. A côté a été placée la statue d’un évêque. Elle a été au début du XXe siècle, considérée comme celle de St Aldric, l’abbé du IXe siècle qui introduisit la règle de St Benoît et présida à la reconstruction carolingienne de l’abbatiale. Restaurée ces dernières années, elle représente en fait St Eloi car un discret fer à cheval apparaît sur le riche habit de cet abbé.
Statue de St Eloi



Armories de Louis de Blanchefort
Le chœur abrite aussi le tombeau de Louis de Blanchefort. Edifié après la mort de l’abbé par les soins de son frère et son neveu, nouvel abbé de Ferrières, il obéit aux poncifs architecturaux de la première Renaissance Française : coquilles et rinceaux à l’antique, statue des vertus aux côtés nord et sud et de St Benoît.
Le tombeau présentait le gisant de l’abbé en habit sacerdotaux et son épitaphe en lettres gothiques court tout autour du plateau. Elle est actuellement peu visible. Le gisant a été détruit par les protestants et le tombeau abîmé par la dévotion des fidèles croyant avoir sous leurs yeux le tombeau de Ste Apolline, invoquée pour guérir les maux de dents. Chacun grattait un peu les statues et récoltait aussi quelques débris poudreux destinés à les soulager.
Le grand autel du XVIIIe siècle était primitivement à la croisée du transept, place occupée depuis 1963 par l’autel moderne en bois pour la célébration face aux fidèles.


Statue de St Pierre
 



La sacristie (5) ne se visite pas

Le couloir qui y mène est précédé d’un arc légèrement outre passé, de briques et de pierres, d’époque carolingienne. On aperçoit par la verrière le trompe-l’œil qui orne les voûtes datant du XVe siècle et restauré récemment. Une statue de St Pierre du XIVe siècle en surveille l’accès.


 

 

Eglise abbatiale St Pierre – St Paul de Ferrières en Gâtinais – Les croisillons

Le croisillon nord (6)


Le bras nord du transept est dédié à St Michel. Cette partie a été considérablement modifiée à la fin du XIXe siècle, à la fois par les travaux des architectes départementaux de l’époque et sous l’impulsion d’un couple de riches ferriérois qui ont engagé les frais d’une transformation aujourd’hui discutable : démolition de l’autel primitif consacré à St Michel pour le remplacer par un pastiche de style médiéval et réfection des vitraux à la manière du XIIIe siècle avec les saints patrons des donateurs sur le vitrail surplombant l’autel de bois.
Statue de St Michel
 
Cet autel de bois dédié à St Vincent, patron des vignerons, est formé à partir du banc d’œuvre de l’ancienne église St Eloi et d’éléments de stalles. On remarque ainsi les tenailles du forgeron. Les voûtes peintes de fresques sont en cours de dégagement. Un Saint Michel terrassant le dragon du XVe siècle ornait cette chapelle ; il fut déposé au musée Girodet de Montargis. Un Saint Michel « très sulpicien » l’a remplacé dès cette époque du XIXe siècle, bien modeste, mais représentatif de la décoration des églises des années 1870 -1880. L’orgue date de 1874 et a coûté bien cher. Il a fallu plus de 15 ans pour le payer.

Le croisillon sud (7)

Il communiquait autrefois avec les bâtiments conventuels. On y accédait par une porte donnant sur le cloître. Les moines descendaient des dortoirs du premier étage par un escalier débouchant vers la porte pour procéder aux prières de la nuit et repartait par cette même porte pour accéder à la salle du chapitre au petit matin. Ces dispositions les mettaient ainsi à l’abri des intempéries (vent, froid, pluie, neige). Cette porte existe encore, sur la droite, près de l’autel.
Le mur sud de ce croisillon sud est aveugle puisqu’il correspond aux étages monastiques, aujourd’hui occupés par les services de la mairie.
L’organisation de ce croisillon est moderne, de la fin du XIXe siècle. L’espace est consacré au Sacré Cœur de Jésus dont l’autel et la statue ont été édifiés par les soins d’un riche ferriérois, inspecteur des Monuments Historiques à l’époque. La lumière pénètre grâce au vitrail moderne de la sacristie, et une verrière à l’angle de la nef.
         Document: PAROISSE DE FERRIERES-EN-GATINAIS / ARF/Office de tourisme de Ferrières et des QU4TREVALLES photos Marie Houssin et ARF

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